Dans le domaine des politiques de l'eau, la péninsule Ibérique a hérité de son passé une culture de l'eau d'une extrême richesse, variable d'un espace à l'autre mais homogène à l'échelle régionale. Il s'y est substitué, vers la fin du XIXe siècle, une nouvelle culture qui a placé, entre les usagers et la ressource, des structures administratives d'État rendues nécessaires par le coût et l'ampleur des grands travaux hydrauliques à réaliser. Ces structures nouvelles, souvent efficaces mais bureaucratiques, furent aussi à l'origine d'une rupture complète avec les modes de fonctionnement technique et social antérieurs. Les liens anciens avec les territoires se sont distendus, cependant qu'une politique de l'offre favorisait, au-delà du raisonnable, des usages agricoles sans cesse croissants. Cette histoire met au jour le rôle des responsables politiques, qui souvent ont instrumentalisé le savoir-faire des ingénieurs. Le présent livre propose donc le bilan critique d'un siècle de pratiques administratives, techniques et agricoles révélant l'usage politique, économique et environnemental d'une ressource qui, plus que jamais, demeure un bien précieux dans la Péninsule.
